
Bouleversé, un Iranien décrit devant la Cour nationale du droit d’asile les tortures qu’il a subies en détention, après avoir manifesté pour le mouvement « Femme, Vie, Liberté ». Sa voix tremble lorsqu’il évoque ses séquelles : il raconte à demi-mot que deux hommes ont broyé ses testicules jusqu’à les faire éclater, après qu’il tentait de s’opposer à leur tentative de viol sur une adolescente. Deux certificats médicaux, joints au dossier, confirment ses déclarations.
Le président de la formation de jugement compulse le dossier sans lever les yeux. « Oui, mais rien ne prouve que vous êtes stérile. » Son ton est parfaitement neutre et impassible. L’avocate du requérant s’oppose à la traduction et rappelle que la question n’a aucun intérêt juridique.
Trois semaines plus tard, ce demandeur d’asile est notifié d’une décision de rejet.
Il dépose alors une demande de réexamen devant l’OFPRA, qui n’a que de très faibles chances d’aboutir. Prêt à tout pour être enfin cru, il ajoute à son dossier un spermogramme pour établir sa stérilité sans prévenir son avocate ou son assistante sociale. Il avait deviné l’intention du juge. Même sans traduction.
