Devant la Cour nationale du droit d’asile, un jeune homme de vingt-quatre ans raconte les persécutions qu’il a subies en raison de son orientation sexuelle. Il mobilise tout ce qu’il peut pour attester la véracité de ses propos, notamment le rapport de création de compte et de connexion à GRINDR (application de rencontre entre hommes). Chacun de ces éléments corrobore l’usage de la même adresse électronique que celle communiquée dans le cadre de sa demande d’asile, et plus de trois-cent-soixante pages de connexion. La preuve est limpide.
Pas assez pourtant pour le président, qui réclame de voir les photos du profil. L’avocate s’y oppose, invoquant notamment la dignité, la pudeur et le respect de la vie privée. Le président insiste : sans clichés, pas de crédibilité. La menace du rejet plane. Le jeune homme cède, rouge de honte. Oui, il avait bien le choix : entre sa dignité et son droit d’asile.